Le Président de la République avait pointé du doigt, à juste titre, le placement en détention préventif abusif comme étant l’une des causes de la sévère surpopulation carcérale dont souffrent nos établissements pénitenciers. Il faut savoir cependant que certaines situations ne procèdent pas de la volonté des magistrats mais d’une politique pénale aberrante. Comme celle qui consiste à placer automatiquement sous mandat de dépôt ceux qui sont impliqués dans un accident mortel de la circulation.
De source judiciaire, la politique pénale en question a été instaurée dans les années 2000, suite à une série noire d’accidents mortels dont la majorité serait due à l’imprudence des usagers de la route, plus précisément des conducteurs de véhicule. Depuis, ladite politique demeure en vigueur, faute d’instruction officielle contraire. Dans la pratique, sauf en de rares exceptions, le placement en détention préventive est appliqué par les magistrats dès lors qu’il s’agit d’un accident mortel de la circulation. Ce qui aboutit parfois à des situations iniques.
Il y a en effet des circonstances où il apparaît clairement que le conducteur concerné est totalement hors de cause et que la faute incombe exclusivement à la victime. Quid par exemple de ces accidents causés par l’inconscience des fous au guidon qui en ont été eux-mêmes victimes ? Pour prendre un autre exemple à l’extrême, citons celui d’un candidat au suicide qui se jette sous les roues d’un véhicule et qui, pour ne pas rater son acte, agira de telle manière à ce que le conducteur ne puisse pas l’éviter. Il ne s’agit nullement d’une fiction car c’est ce qui a failli se passer il y a quelques semaines aux 67ha et plus récemment sur la route digue, où il était question de faux ivrognes en quête de « dédommagement » de la part des occupants des voitures-cibles.
Un principe aveugle
Dans tous ces cas de figure, est-il juste que le tiers qui a été impliqué bien malgré lui dans le drame soit puni par un séjour en prison, si bref soit-il ? Car il faut bien reconnaître que, quoi qu’on puisse dire, c’est bien de cela dont il s’agit concrètement. L’aberration est à son comble lorsque, plus tard, l’absence totale de faute de la part du prévenu est constatée par le juge de fond. Un constat qui aurait pu parfaitement être établi lors des enquêtes effectuées durant la garde à vue, ou au niveau du Parquet si celui-ci n’était pas tenu par la politique pénale du MD systématique pour les accidents mortels de la circulation.
Les usagers de la route qui pourraient faire les frais de ce principe aveugle constituent, en somme, les œufs à casser en guise de dissuasion pour une meilleure sécurité routière. Cela a-t-il eu réellement pour effet d’assagir les chauffards et autres écraseurs en puissance qui pullulent sur nos routes ? On se permet d’en douter, au vu du nombre d’accidents qui alimentent la rubrique des faits divers ces derniers temps. Ce qui est sûr, c’est que cela aura pour conséquence d’augmenter inutilement, ne serait-ce qu’un tant soit peu, le nombre de prévenus innocents dans les geôles par ailleurs déjà surpeuplés. En attendant, tous conducteurs, si prudents soient-ils, doivent avoir en tête que, à partir du moment où ils se mettent au volant, ils sont de potentiels pensionnaires de prison, fautifs ou pas fautifs.
Hery Mampionona
Est ce que le chauffeur de ce 4×4, qui est le mari d’une cheffe d’institution, a été mis en mandat de dépôt ?
Un véhicule a causé un accident tuant trois personnes dont une femme enceinte, samedi, à Ambositra. Six blessés sont déplorés.
Tragique. Un accident de la circulation a coûté la vie à une jeune femme de 18 ans, enceinte de 6 mois, et à deux
jeunes hommes dont l’un est âgé de 20 ans. Ce coup de théâtre affreux s’est produit, samedi après-midi au
marché d’Ijaky, en pleine ville d’Ambositra.
L’époux de la femme enceinte, travaillant comme tatoueur, a eu la jambe brisée, tandis que cinq autres hommes ont été blessés, à la tête et aux membres, selon les explications d’une journaliste locale présente à l’hôpital.
« Toutes ces victimes habitent à Ambositra. Le conducteur est actuellement retenu au commissariat et le véhicule
mis en fourrière. L’enquête va bon train », précise un policier joint au téléphone. « Un problème technique aurait causé l’accident. Nous avons fait le constat », ajoute-t-il.
À pleins gaz
« Je ne sais pas mais la police ne veut rien nous informer. C’est pourquoi nous sommes allés au centre hospitalier
de référence régional à Volafotsy où sont pris en charge les blessés », raconte la consœur locale. Selon elle, le parking sauvage des taxis et des brouettes au bord de la route, en plein jour du marché, a aggravé les circonstances de cette percussion mortelle.
« Il y a des tatoueurs et des vendeurs de fruits au bord de cet axe. En plus, d’autres personnes se mettaient debout à
côté. C’étaient eux qui ont fait les frais de l’accident. D’après les explications glanées, le chauffeur n’aurait pas très bien maîtrisé le 4×4 à boîte de vitesses automatique », relate-telle.
« La voiture vient du sud vers le nord. Tout d’un coup, elle a roulé à pleins gaz. La femme enceinte qui attendait d e l’argent de son mari à l’atelier, pour faire la course a été broyée sur place. Or, elle devrait accoucher après quelques
mois son premier enfant », explique un témoin oculaire à notre correspondante.
Les riverains, les commerçants et les passants se sont attroupés en un rien de temps. Le 4×4 a rapidement été déplacé, par peur de la colère de la cohue.